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1-
Le 27 octobre 1875 à Peillac, Jean-Marie
HURTEL épousait Jeanne Marie Roux. Ils
habitaient LE FRENOT. La famille s'agrandit et
compta 9 enfants.
Parmi ces enfants :
Pierre HURTEL épousa Eugènie
DEBRAY et resta au Frénot .
Jeanne-Marie HURTEL épousa Jean-Louis
JOUVENCE et il habita la Piaudais.
Françoise
HURTEL épousa
Joseph HALLIER et
s'établit à la Ville
Cancouêt
Voilà le terroir délimité
où va se passer l'enfance de Jean-Louis
HALLIER, il y a entre ces 3 fermes quelques
centaines de mètres ou plus
Joseph HALLIER
(le père du
tappiste) connut quelques années de bonheur
tranquille et laborieux. Le 25 mars 1913 naissait
Jean-Louis qui fut baptisé le lendemain par
le vicaire Monsieur Le Nué.
Mais en 1918 la grippe
espagnole emporta la maman Françoise HURTEL.
Elle avait 32 ans et laissait 7 orphelins. Pas
question pour la famille de laisser le papa dans
une pareille situation. C'est ainsi que deux
orphelins : Jean-Louis et Cécile furent pris
en charge au Frénot.
Jean-louis avait alors 5
ans. Il va connaître l'existence des enfants
de la campagne en ce temps là.Il rendra
quelques petits services et il va garder les vaches
et les mener boire au doué de la Grande
Noë. IL nouera quelques solides amitiés
avec ses frères et surs, ses cousins
et cousines (entre le Frénot, la Piaudais et
la Ville Cancouët ils sont 16).
A l'âge de
l'école, il ira au bourg par les sentiers.
Selon l'usage du temps garçons et filles ne
se mélangaient pas.Le directeur de
l'école était alors Monsieur DARE qui
ne fut pas sans remarquer l'intelligence et
l'application du jeune Jean-louis HALLIER. En ce
temps là, le clergé comme les
religieux étaient en recherche de sujets
susceptibles de répondre à une
vocation.
Monsieur DARE pensait au
juvénat des Frères de Ploërmel
qui était à Hennebont et il proposa
à plusieurs de ses élèves d'y
aller. Mais il y avait aussi un vicaire plain
d'allant ordonné prêtre en 1905 et qui
envoyé à Peillac en 1906 pour y
rester jusqu'en 1930. Si Monsieur DARE put
conserver Jean-Louis HALLIER pour sa
congrégation, Monsieur Le Nué,
vicaire proposa des leçons de latin à
deux autres sujets qui allèrent l'un au
petit séminaire de Ploërmel et l'autre
à Redon au collège ST Sauveur tenu
par les eudistes.
C'est ainsi que le 27
Août 1927, Jean-Louis HALLIER agé de
14 ans s'en alla à St Hervè
d'Hennebont pour un an, car on ne revenait pas aux
vacances de Noël et de Paques.
Le 15 Août 1928,
Jean-Louis quittait la France pour aller à
Jersey, les lois antireligieuses françaises
ayant exilé les
congrégations.
A jersey il fit un an de
noviciat et le 15 Août 1929 à
l'àge de 16 ans, il prononçait ses
premiers vux qui le liait à la
congrégation des Frères du
Père La Mennais.
En 1930, il est
nommé à Hennebont comme instituteur
pour faire la classe aux juvénistes de ST
Hervé et il resta à ce poste jusqu'au
service militaire.
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Les
parents de Jean-Louis
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Jean-Louis
(Frère Gonzague-Louis)
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Jean-Louis
(militaire)
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2-
L'armée l'incorpora au 35 ème
régiment d'infanterie et au vu de ses
capacités d'instituteur, elle fit de lui un
radiotélégraphiste. Il profita de ses
temps libres pour s'initier au latin car il avait
deux amis un jésuite et un eudiste.
Le service accompli, il regagnait St
Hervé pour reprendre sa fonction
d'enseignant pendant 2 ans 1935 et 1936. En 1937,
il reçut sa nomination pour repartir
à Jersey où il aurait à faire
la classe aux jeunes frères en
formation.
En Août 1939 les bruits de guerre se font
plus insistants. Le frère Gonzague-Louis
(Jean-Louis HALLIER) a quitté Jersey pour
pendre ses vacances au pays. On note sa
présence à la Ville Cancouët (15
Août), à Ploërmel (18
Août), à Malestroit le 22 Août
d'où il écrit qu'il sera à
Peillac dans quelques jours.
|
3-
L'ordre de mobilisation arrive le 02 Septembre,
il est à Jersey pour prendre quelques
affaires. Ce n'est que le 15 Septembre qu'il
rejoindra la caserne Feutras à Brest, il a
quelques jours de retard mais l'heure n'est pas aux
tracasseries administratives, il est affecté
à la 2 ème compagnie et se demande
s'il ne va pas faire les E.O.R (Ecole des Officiers
de Réserve).
Le 15 octobre il a une permission de trois jours
et à son retour, il apprend qu'il a
changé de compagnie. Il envisage un possible
départ pour le Levant (la Syrie).
En cette période où il faut vivre
au jour le jour sans trop savoir de quoi demain
sera fait, il prend soin de sa vie religieuse,
assiste souvent à la messe et récite
la rosaire. Il profite de ses temps libres pour
rejoindre à 4 kms de la caserne une
école tenue par les frères de sa
congrégation. Début novembre; il
pensait être affecté au 35 ème
R.I. comme radio-télégraphiste, ce
qui était sa spécialité. Il
n'est pas désigné pour ce
départ. Avec une vingtaine d'autres, il doit
effectuer un stage de préparation à
la formation des
"bleus".
Fin novembre arrivent les nouvelles recrues
à qui il fait tout apprendre; il est
nommé instructeur, chef de chambre, chef de
table. Lui qui aimait la vie active et les
exercices, il se voit de plus en plus
affecté au bureau avec des montagnes de
paperasses.
Au mois de Mars, le voilà caporal-chef et
aussitôt orienté vers l'examen pour
devenir sergent (18 Mars 1940)
C'en est bientôt fini de la caserne
Feutras, il se retrouve au camp de Sauges (au sud
de Bordeaux) et se voit affecté au Bureau du
Bataillon. C'est là qu'on doit mettre sur
pied et équiper un régiment de
tirailleurs sénégalais.
Il écrit que les conditions ne sont pas
mauvaises, on couche sous des tentes mais dans de
vrais lits, toutefois ce n'est pas du camping car
le terrain est sablonneux et balayé par le
vent et le sable s'infiltre partout.
Il connaît un environnement africain,
<<il faut s'habituer à entendre le
tam-tam et être témoin des
prières à Allah >>
écrit-il le 25 avril 1940.
L a vie est monotone quand soudain se
déclenche l'offensive allemande le 10 Mai
1940 et dès le 18, il envoie une carte
disant <<on part le 19 >>...il
est encore au camp de Sauges le 1 er Juin et
déjà arrivent des victimes de la
débâcle, des unités
égarées. Le 8 Juin est formé
le 2 ème Bataillon du 27 ème
Régiment d'Infanterie coloniale mixte
sénégalais.
Le moral semble ne pas s'effondrer. Il est
secrétaire du commandant et il a l'esprit
combatif, n'écrti-il pas <<j'ai un
bon fusil et on a des munitions à la
tonne>>.
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Jean-Louis
est debout au premier rang, le 4 ème
à partir de la gauche
|
Train vers l'Allemagne
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4-
Le convoi roule très lentement vers le
nord et arrive au Mans puis prend la direction
d'Argentan. Avant le départ on les
prévient, il y a risque de se faire
mitrailler par les avions.
C'est cette nuit là, confiera quelques
années plus tard le Père
Amédée, qu'appuyé sur la porte
du wagon, je me suis dit << si un jour, je
reviens de cette aventure, je me consacre à
quelque chose de plus radical >> et cette
pensée fut tellement forte que longtemps
après il pouvait dire <<
c'était le 16 Juin au soir
>>
Devant l'avance de l'armée allemande qui
avait franchi la Seine et prenait la direction de
l'ouest, le train quitte Argentan pour prendre la
direction de Cherbourg.
Le régiment se met en position à
St Sauveur le Vicomte pour s'opposer à
l'ennemi. Jean-Louis HALLIER écrit :<<
nous avons tenu toute la matinée du 19
juin mais les allemands ont amenés des
chars. Nous étions coincés,
encerclés, pris au piège. Comme
j'étais secrétaire du Commandant ,
avec lui et un interprète alsacien nous
avons rencontré nos opposants qui nous ont
contraints à capituler. Nous ne pouvions
rien faire d'autre. Nous avons déposé
nos armes sur la place publique et je n'oublierai
jamais le regard et le visage attristé de
notre Commandant qui avait les larmes aux yeux
>>.
On nous fit prendre la direction de Bricquebec
et sur la place devant l'église nous
passâmes notre première nuit de
prisonniers pour être ensuite dirigés
sur ST Lo et enfermés dans la caserne de
Bellevue .
Les conditions déplorables de nourriture
amenèrent la maladie et jean-Louis HALLIER
fut tansporté à l'hôpital de St
Lo, comme il l'écrivit lui-même
<< malade mais pas blessé
>>
Sitôt qu'il eut recouvré un peu de
santé, il réintègre sa prison.
Il eut la chance d'être en contact avec
quelques prêtres du département de la
Manche et aussi avec une famille de St Lo qui lui
procura tout ce qui lui manquait et avec laquelle
il noua une profonde amitié. Il se trouvait
que cette famille avait un fils qui était
moine trappiste à l'abbaye de Bricquebec et
dont elle était sans nouvelle. Quelques mois
après, cette famille apprenait que leur fils
trappiste, officier, avait été
tué à Vittel (10 Août 1940), il
s'appelait Père AMEDEE. Parmi les
prisonniers, il y avait aussi un autre moine de
Bricquebec, Le Père Bernard Poussin, avec
qui Jean-Louis aimait causer et c'est là que
son idée de <<
quelque chose de plus radical
>> devint un désir
d'essayer la vie de trappiste. Dieu va lui donner
le temps de mûrir cette idée.
|
5-
C'est le 22 Novembre 1940 que les prisonniers de
St LO furent embarqués dans des wagons de
marchandise pour gagner l'Allemagne avec comme
provosion de route du pain allemand bien gris et du
saucisson ? pressentant bien que l'exil risquait
d'être long; les
voyageurs rédigeaient des messages et quand
par la lucarne ils voyaient des civils au bord de
la voie, ils laissaient la lettre s'envoler au vent
dans l'espoir que ceux qui les verraient,
,essayeraient de les faire parvenir à leurs
familles. C'est ce qui arriva pour quelques
unes. Dans une de ces missives Jean-Louis
précise qu'il vient de toucher sa paye 350
Frs, qu'il emporte quelques livres et que
désormais ses lettres pourraient bien
n'être pas sincères et qu'il faudrait
savoir lire entre les lignes (23 Novembre 1940). Le
23 décembre, il est au delà de Berlin
au camp de Spandau, le stalag III D.
Entassés dans des wagons à
bestiaux
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Courrier lancer par la lucarne d'un wagon en
route pour Spandau
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(dessin d'un déporté) ....Les
travaux manuels
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6-
En juin 1941, il raconte qu'au début il a
cru bon de se proposer pour travailler (on leur
avait dit que c'était pour la Poste), en
réalité le travail consistait
à cheminer le long des lignes
téléphoniques pour consolider ou
changer les poteaux, travail très
pénible à cause du froid intense.
C'est pourquoi il renonça très vite
au travail pour demander l'application des
Conventions Internationales qui exemptaient les
officiers du travail obligatoire. IL resta donc au
camp avec une sitation meilleure mais à la
date du 09 Février 1941 il en est toujours
à attendre son premier colis et sa
première lettre. Comme on a proposé
aux prisonniers des cours pour apprendre
l'allemand, il s'y met. Le premier colis arrive le
13 mars et ensuite à peu près
régulièrement après un voyage
d'un mois environ.
Jean-Louis apporte à l'étude de
l'allemand ses capacités intellectuelles et
son application tant et si bien que le 26 juin on
lui permet d'aller seul du camp III D 700 au camp
III D 712 pour enseigner l'allemand aux prisonniers
qui en savent un peu moins que lui. Tout en
enseignant, il se perfectionne et on ne peut
oublier qu'il est spécialiste de
l'enseignement, alors il propose à ses
élèves qui n'ont pas leur <<
certificat d'études >> de se
préparer pour l'obtenir et le 21 juillet
1941 il note lui même << je suis
dans ma profession >> le 19 octobre de
cette même année, il dévoile un
peu son état d'âme. << Si
vous saviez comme un prisonnier marque ses lettres,
les prépare, attend, lit et relit. Et de son
lointain exil son esprit revient à la Ville
Cancouêt >>; <<Le 05
novembre prochain, je ferai dire une messe pour
l'anniversaire du décès de ma
mère >> Au début de 1942,
les colis arrivent régulièrement et
il note: << Noël et le 1 er de l'an :
belle fête, belle messe, beaux chants, belle
crêche, on nous octroie quelque peu de
liberté. On peut sortir à 5 ou 6,
mais on a défense de parler aux civils ou
d'entrer quelque part.>>
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7-
En avril 42, il fait état de certaines
nouvelles arrivées de France et qui le
révoltent. Il paraît que l'on dit en
France qu'après tout, les prisonniers ne
sont pas si malheureux que ça et il
écrit: << ils n'ont qu'à
venir voir ce que peut être la vie à
20 dans une chambre et voilà 2 ans qu'on est
derrière des barbelés >>.
Sans doute les prisonniers se donnent des
activités : études, sport,
théatre. Pour lui il est interprète
<< alors à longeur de
journée je traduis, je traduis pour rendre
service aux camarades >> et il a de ce
fait beaucoup d'occasions de dialoguer avec les
maîtres de la prison et il reconnaît
dans une lettre de Mai 1942, que <<
quelques uns sont corrects >>, ce qui
laisse bien entendre que la plupart ne le sont
pas.
Septembre 1942, il est 3 mois sans colis et les
lettres sont rares. L'activité des cours du
soir reprend.
C'est aussi le temps ou l'armée allemande
qui ne connaissait que des victoires se casse les
dents sur Stalingrad.
Peut-être pour récupérer des
soldats l'état allemand envisage de faire
passer les << prisonniers de guerre
>> au statut de << civils
>> et dès lors ils pourront être
des travailleurs n'étant plus
protégés par les conventions
internationnales. On leur fait miroiter des
avantages : liberté de correspondance,
envois de colis, permissions. La méfiance
est grande, ils appellent cela << la
civilisation allemande >> On
décide que quelques uns essayeront pour
voir.... en réalité les
civilisés ne sont plus encadrés par
des sentinelles, mais c'est toujours les
barbelés.
Dans une lettre du 28 Février 1943, il
fait état de cette 3 ème année
de captivité, il énumère ses
multiples fonctions, il fait à la fois
policier (dans le camp), interprète,
professeur, facteur et parfois un peu banquier (un
jour il a collecté 9000 marks).
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Couchettes au stalag III D
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8-
Il circule assez librement vers la poste, la
caserne, l'hopital. On le charge encore de
présider,à la distribution de la
bière, ce qui sans doute n'était pas
une partie de plaisir.
Il peut même aller à Berlin pour se
procurer les habits de théatre et les
décors. Il est désigné pour
accompagner les malades chez le docteur ou le
dentiste (là aussi il faut un
interprète). 7 Mars 1943 ; Le 23 Mai il est
heureux d'annoncer que 10 de ses
élèves prisonniers ont
décroché le certificat
d'études.
Depuis mars 1943, il y a des bombardements de
Berlin, peut-être pour montrer que cela
n'affecte pas leur moral, les allemands proposent
aux prisonniers d'aller au cirque à Berlin.
Nombreux sont ceux qui acceptent, Jean-Louis est du
nombre et le 26 Juin il écrit <<
que voulez-vous entre bêtes en cage on
aime bien se voir >>.
25 Juillet 1943, il écrit une longue
lettre à son père à la Ville
Cancouêt et pour la première fois il
fait état de sa misère. Ce ne semble
pas que ce soit pour lui, mais comme on met en
commun les colis, il souffre de moins apporter que
les autres.
Le 10 octobre 1943, il annonce << je
suis civilisé d'office >> et il
explique << je dois travailler dans un
bureau, il y a beaucoup de papiers à
remplir, j'ai moins de sommeil, mais ce n'est pas
dur >>. Etant << civil
>> je vais pouvoir écrire, mais
à part ça, nous restons <<
gardés >>
Fin 1943, la vie continue << nous
tenons le coup >> et il est heureux parce
qu'il a reçu un colis du patronage de
Peillac.
Il ouvre un cours pour aider les
illettrés.
Le 20 décembre 1943 << les
autres reçoivent beaucoup plus de colis que
moi, je peux avoir la messe tous les jours
>>.
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9-
Le 24 janvier 1944, exagérez plutôt
que d'attendre pour les colis, bientôt rien
ne passera plus. Il ne faut pas être grand
stratège pour prévoir qu'un jour la
poste ne fonctionnera plus. Il écrit que les
prisonniers avec des épingles suivent les
mouvements du front car ils écoutent la
radio allemande et Jean-Louis possède
maintenant la langue et comprend tout.
Comme les bombardements sur Berlin sont de plus
en plus fréquents et intenses il faut faire
une valise en bois pour emporter à chaque
fois le plus précieux de peur que tout ne
brûle.
29 février, j'ai reçu un colis, il
faut profiter que ça passe encore.
Mars 44, ça bombarde, on ne dort plus,
ça passe encore.
18 Mai 44, 30 prisonniers tués sous les
bombes après avoir attendu 4 ans.
25 Mai 44, on prévoit le jour où
rien ne passera plus, on fait des réserves
de pâtes et de haricots.
6 juin 44, j'ai une infection des yeux.
19 juin 44, 4 ans aujourd'hui que j'étais
fait prisonnier.
20 Juillet 44, rien ne passe plus,
c'était inévitable.
Puisque rien ne passe plus, nous n'avons plus de
lettres. En 1995 pour le cinquantième
anniversaire de la libération, le
Père Amédée raconte dans le
journal << la presse de la Manche
>> du 19 Mars, comment se sont
passés les derniers mois de
captivité.
La grande préoccupation des prisonniers
c'était de savoir qui des russes ou des
américains allaient les libérer. Les
américains étaient à 100 kms,
les russes un peu plus près. Sans doute pour
éviter des frictions entre les deux
armées, les américains
s'arrêtèrent sur le bord de l'Elbe et
au mois d'Avril les russes libéraient le
camp de Spandau. Les prisonniers avaient
creusé des abrits dans le sol sablonneux du
camp. Les combats furent violents entre les troupes
de choc russes et les allemands retranchés
dans les maisons et les << jeunesses
hitlériennes >> se sacrifiaient
avec fanatisme.
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(dessin) Entrée d'un camp
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LE Père AMÉDÉE
TÉMOIGNE
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10-
<<j'ai vu passer des camions et des
camions de cadavres. Les jours qui suivrent la
libération furent des jours de crainte et de
peur, les russes volaient et violaient. Malheur aux
déportées ukrainiènes et aux
familles allemandes. Il était imprudent pour
quiconque de laisser voir une montre ou une
bague.
Les russes rassemblèrent tous les
prisonniers dans un immense terrain à l'est
de Berlin. Pour y aller, nous avons traversé
une partie de la ville où tout
n'était que ruines, l'armée russe
(hommes et femmes) dirigeait la circulation.
Dans ce qui était notre refuge on
s'ingéniait pour survivre, on abattait
quelquefois un cheval pour avoir de la viande.
C'est le lundi de Pentecôte, 21 Mai 1945
que nous avons pu embarquer dans des trains pour
regagner la France.
Les convois roulaient lentement tant les voies
avaient souffert et c'était des ruines et
encore des ruines;
Par Hanovre on est arrivé à
Jeumont quelle joie de revoir la frontière
française !
Puis ce fut Paris et la Bretagne et Peillac
NB.: Toute cette partie à
été rédigée à
partir de lettres conservées
précieusement dans la famille.
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11-
Les villages de la Piaudais, le Frénot et
la Ville Cancouêt attendaient 5 prisonniers.
Quand le dernier fut arrivé, on organisa une
fête intime à la Piaudais et quelques
jours plus tard une grande réunion de
famille avec photo des 58 participants. Jean-Louis
Hallier (le futur père Amédée)
gardait pour lui ses pensées et apportait
son enthousiasme à toutes ces
réjouissances.
Le 04 Août 1945, il décide de
quitter Peillac pour aller remercier une famille de
Normandie qui lui avait témoigné
beaucoup de sympathie quand il était
prisonnier, et à St Lo et pendant ses
années de captivité en Allemagne.
C'était du moins le motif qu'il mettait en
avant.
Les souvenirs de son cousin eudiste (le
père Jouvence) qu'il rencontra en gare de
Redon nous en disent un peu plus long.
- Tu vas à Bricquebec ?
Oui, je
vais visiter la famille qui m'a tant aidé;
sa maison a été détruite lors
du débarquement de Normandie et elle est
réfugiée à la trappe de
Bricquebec pour tenir l'hotellerie et j'en
profiterai pour faire une
retraite.
- Tu n'as pas
l'intention de rester chez les moines
?
-
Eh bien je verrai.
- Oh ! tu
n'as pas une âme de trappiste.
-
On ne sait jamais.
-
Est-ce que tu penserais a être
prêtre ?
-
Non, si je restais à la trappe, ce serait
pour être moine et obéir en tout. De
toutes façons je t'enverrai un mot à
la fin de ma retraite et si je devais rester, tu
préviendrais mon
père.
La retraite
passée, le mot fut envoyé
<< j'ai trouvé ce que cherchais.
J'y suis, j'y reste? Préviens mon
père. >>
En
réalité ce n'était pas une
décision à la légère
mais l'aboutissement d'un long travail de
préparation gardé secret.
|
Fête pour le retour des prisonniers de la
famille
Jean-Louis est au 1er rang assis, 3ème
à partir de la gauche
|
Jean-louis avec Mr et Mme Routier
Joseph son père
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12-
Quand le convoi militaire roulait de nuit pour
fuir l'avance allemande Jean-Louis HALLIER avait
réalisé que << tout pouvait
se terminer ce soir >> et dans les
premières heures de sa situation de
prisonnier sur la place de l'église de
Bricquebec, il réfléchissait
profondément au sens de la vie et
entrevoyait déjà un don plus total
à son Dieu, mais à ce moment
là il ne savait même pas qu'il y avait
une trappe tout près de lui.
Quand il fut enfermé à la caserne
de St Lo, il rencontra un autre prisonnier qui, lui
fit part de ses réflexions, le moine lui
parla de la trappe comme moyen de se consacrer plus
pleinement. Il lui confiat un petit livre
appelé << Directoire >>
pour lui faire connaître les trappistes.
Par deux fois le 5 Octobre 1941 et le 6
Décembre 1942, il manifeste dans ses lettres
de prisonnier qu'il voudrait bien avoir le <<
Directoire >> qu'il a laissé
à St Lo chez Mr et Mme ROUTIER <<
mes parents nourriciers de mes premiers mois de
captivité, et qui est un souvenir du
frère Marie-Bernard >>
Le 5 Octobre 1941, il écrit <<
Vraiment le 19 juin 1940 quand je passai ma
première nuit de captivité sur la
place de Bricquebec, je ne prévoyais pas que
ce lieu allait devenir un des centres d'attrait de
mes pensées et affections durant toute ma
vie de prisonnier. Depuis le 15 Août 1940,
j'ai beaucoup prié, réfléchi,
consulté et plus je vais, plus il me semble
que mon désir s'intensifie >>
Il écrit en Mai 1942 << la
captivité dure, j'aurais eu je crois, le
temps de réfléchir >> et en
juin 1942 << il existe une mystique de la
captivité qui au lieu d'aigrir les
prisonniers les fortifie, les purifie. >>
Mais tout cela restait secret jusqu'au jour de
l'entrée à la trappe.
Le cousin eudiste s'en fut prévenir le
père Joseph. L'acceuil fut
sévère. Le père fronça
les sourcils, en bon rural, il ne se
répandit pas en récriminations. il
déclara tout net << il faut avoir
tué père ou mère pour
s'enfermer là dedans >>.Jean-Louis
fut informé de cette réaction et il
se mit en devoir de présenter son choix. Lui
qui prisonnier, écrivait << si vous
saviez comme les lettres sont soigneusement
pensées >> mit tout son cur
à s'expliquer.
Cette lettre est conservée dans la
famille comme une relique, elle est tellement
révélatrice d'une vie spiriuelle que
nous pensons devoir vous la partager, en respectant
les soulignés.
|
Bricquebec, le 04
Septembre 1945
Bien cher
père,
Peut-être vous
êtes vous demandé ce que je faisais en
Normandie et pour quel motif je séjourne si
longtemps à Bricquebec, à l'abbaye NB
de Grâce. Je ne peux vous laisser ignorer
plus longtemps le secret que j'ai dans le cur
depuis 5 ans, le désir qui m'a
travaillé pendant toute ma captivité
et la grave décision que je viens de
prendre. Depuis 1940 j'ai l'intention de me donner
tout à Dieu dand la vie monastique et j'ai
choisi la solitude et l'austérité de
la Trappe.
Ne vous étonez
pas, ne vous alarmez pas, j'ai beaucoup
réfléchi, ce n'est pas de ma part
un coup de tête mais un projet longuement
préparé sous le regard de Dieu.
J'ai beaucoup prié, j'ai vécu
dans ma captivité des heures assez tragiques
pour me faire apprécier le prix et le sens
de la vie et comprendre qu'il n'y a rien d'autre
à faire sur la terre que de préparer
son éternité en se donnant ici bas
tout à Dieu.
Sans doute je suis
déjà religieux (et conserve pour
l'institut des Frères une grande affection
et une sincère reconnaissance) mais ce
qu'il me faut c'est le don sans réserve de
tout moi-même afin de me sanctifier
vraiment et de sauver un plus grand nombre
d'âmes, surtout celles qui me sont
chères (parents et amis)
Depuis 1940, j'ai
consulté des hommes sages et
prudents, jugeant des choses selon Dieu et la
ligne de conduite fixée a été
celle-ci : dès que la chose sera possible,
faire un essai de la vie de la Trappe
>>
C'est ce que je fais ici
depuis un mois avec l'autorisation du
Supérieur Général des
Frères, essai qui doit se continuer
encore plusieurs mois.
Jusqu'ici je n'ai voulu en
parler à personne, pas même à
vous, car je devais chercher d'abord la
volonté de Dieu.... Je commence à
voir clair. Depuis un mois je mêne la vie des
moines et suis décidé à
continuer cet essai. Cette vie me plait
à cause du don total qu'elle demande. Elle
est austère sans doute, mais par là
conduit à Dieu : vie de prière
(récitation de l'office divin 7 fois le jour
et la nuit ; vie de pénitence
(silence continuel, jeûnes fréquents,
travail des champs ; vie d'apostolat (les
moines prient et se sacrifient pour sauver des
âmes). Vie dans la solitude et la
séparation complète du
monde.
Plus de visites à
la famille.
Lettres aux parents
très rares et seulement quand le
R.P.Abbé le permet. Désormais toutes
les lettres que je reçois ou que
j'écris sont vues par le
Supérieur.
Ne vous étonnez pas
si je vous écris rarement.
J'ai écrit au
R.P.Jouvence pour lui parler de ma décision.
J'écrirai aussi au Havre et à
Allaire. Je vous prie de bien vouloir avertir
Armand, Alfred,ma fillieule et Lézurlot (les
deux maisons).
Je sais que ce sera pour
beaucoup une surprise, un étonnement. Quant
à moi, je fais ce qui me semble le mieux
pour mon salut et ma sainteté, en même
temps que pour le salut éternel de tous ceux
que j'aime.
N'allez pas penser une
minute que j'aie quelque chose contre l'institut
des Frères. Bien au contraire, je l'aime
toujours et lui resterai uni de cur. Si
l'essai prouve que la Trappe n'est pas ma voie,
je reviendrai dans la congrégation du
Père de la Mennais, d'ailleurs j'en fais
toujours partie jusqu'au jour où je
rentrerai vraiment au monastère. Je sais que
parmi mes confrères certains ne comprendront
pas. Qu'ils sachent que de mon coté, ce
n'est pas sans regret, sans pincement au cur
que je quitte des amis chers que j'aime comme mes
frères.
Durant mon dernier
séjour en famille, j'ai voulu me montrer
très gai et voir tout le monde, parce
que d'abord la séparation avait
été longue et l'on était si
heureux de se revoir, mais aussi pour faire voir
que mon caractère n'avait pas changé
et restait aussi joyeux.....Mais je ne pouvais rien
dire de mon projet, étant moi-même
incertain.
Aujoud'hui, bien cher
père, je vous ai parlé à
cur ouvert. Dans ce tournant important de ma
vie, je tiens à vous consulter et demander
votre approbation. Ecrivez-moi ce que vous en
pensez (en écoutant votre foi). Priez
pour que le bon Dieu me donne lumière et
force .
Je demande pardon à
tous ceux à qui ma décision fera de
la peine. Il est des moments dans la vie où
il faut tout sacrifier à Dieu et de grand
cur. De mon coté, le souvenir de tous
ceux que j'aime vivra pour moi dans le cur de
Dieu et chaque jour je prierai pour vous
tous.
Je vous embrase de tout
cur.
J.L Hallier
Abbaye N.D. de Grâce
......Bricquebec ....Manche.
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13-
Jean-Louis Hallier est donc entré
à la Trappe le 21 Août 1945. Pendant
les premiers mois il est un peu en période
d'observation, il a qualité
d""oblat"", il
participe pleinement à la vie des moines;
C'est ce qu'il appelait un << essai
loyal>>
Le Père abbé était alors
Dom Joseph Marquis.
Les premiers mois répondent pleinement
à ses désirs et le 23 Décembre
1945 il reçoit l'habit des moines, il est
<< cistercien >>
Pendant deux ans il va s'insérer de plus
en plus dans cette consécration de
prière et de pénitence et le 25
décembre 1947 il est admis à faire
profession. Mais comme il a déjà fait
autrefois chez les Frères des vux
temporaires et une profession perpétuelle,
il s'engage définitivement dans la vie de
trappiste par des vux solennels, recevant le
nom de << Frère
Amédée >>.
A cette cérémonie sont
présents deux membres de sa famille, le
cousin eudiste qui a décidé le papa
à venir.
Le père abbé demande
expressément que le papa soit placé
à sa droite et le cousin eudiste à sa
gauche pour participer à l'émission
des vux.
Le papa n'est toujours pas très
enthousiaste,il est surpris par la qualité
de l'acceuil et observe avec attention.
Nos deux voyageurs reviennent au pays
gratifiés chacun d'un grand
fromage,fabriqué par les moines "La
Providence " Oh ! combien odorifiant, qui leur
vaut d'avoir sur le chemin du retour, un
compartiment du wagon pour eux tous seuls
jusqu'à Rennes.
De retour chez les siens le papa témoigne
selon sa façon laconique : <<
Après tout, c'est pas mal, ils ont l'air
d'être heureux >>.
A la trappe on oublie pas que le jeune religieux
était autrefois professeur à Jersey
auprès des jeunes en formation et le 04
Janvier 1948 (8 jours après sa profession)
il est nommé sous-maître des novices
de chur. Il va rester à ce poste un
peu plus d'un an jusqu'à ce que ses
supérieurs décident de l'envoyer
à Rome faire un séminaire pour
devenir prêtre.
|
<< Première
année à Rome >>
|
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14-
Le 10 Octobre 149, il quitte la France pour
l'Italie. Il y a, pas loin de Rome, (près de
Castel Gandolfo, villa de vacances pour le Pape)
une abbaye e trappiste appelée
<<Frattochie>> Cette abbaye
héberge les étudiants trappistes
venent des diverses trappes du monde, ils ne sont
pas nombreux (entre 5 et 10). Chaque matin, ils
vont à Rome à l'université
appelée << La
grégorienne>> où il peut y
avoir plus de 1000 étudiants. Le
Frère Amédée écrit que
le travail ne manque pas : il faut étudier
l'hébreu, l'araméen, le syriaque,
approfondir les textes de la Bible pour en faire
l'exégèse et construire une
théologie, sans compter les occasions de se
former à la musique grégorienne, de
visiter les sanctuaires, de revivre l'histoire de
l'Eglise dans l'archéologie et aussi de
profiter des conférences de qualité
donnée par des spécialistes.
Tout cela n'entame pas les penchants
facétieux de l'enfant de Peillac qui relate
une visite aux catacombes où les
chrétiens persécutés
ensevelissaient leurs défunts.
<< Je vous
décris ce que j'ai vu, tel que je l'ai vu :
des alignées de mâchoires, des
enfilades des vertèbres, des pyramides
d'omoplates, des rosaces de fémur
etc........>>
Mais l'étudiant reste aussi l'homme de la
prière. Il a la chance en cette fin
d'année 1949 d'assister à l'ouverture
de la porte de l'Année Sainte 1950. C'est le
24 Décembre 1949 que le pape Pie XII ouvre
une année de grâces.
En 1950, le cousin eudiste fera le
pélerinage de Rome pour gagner l'indulgence.
Quelle joie pour les deux Peillacois de se revoir
et d'aller prier ensemble dans les basiliques qu'il
faut visiter.
C'est lors de cette rencontre que le
frère Amédée confie à
son cousin << Je me plais bien
ici, je suis au milieu d'étudiants souvent
bien plus jeunes que moi et d'horizons divers.
J'apprécie tellement les relations avec les
jeunes >>
Juillet et Août 1950 ce sont les vacances,
donc le retour à Bricquebec pour prendre la
vie de trappiste et avant de repartir pour Rome
faire la deuxième année de
séminaire, le Père Abbé
confère au Frère Amédée
l'ordination des deux ordres mineurs ; portier et
lecteur le 24 Septembre 1950 et le 1 er Octobre les
deux autres : exorciste et acolyte.
|
Rome
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Deuxième année
à Rome
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15-
Du 9 Octobre 1950 au 1 er Juillet 1951, le
Frère Amédée va accomplir sa
deuxième année de
Séminaire.
C'est toujours la même vie
étudiante qui se déroule ? Une lettre
de F.Gérard nous laisse entrevoir comme
chacun organise ses activités.
<<Il est 10 h du matin je reviens de
faire une partie de ping-pong avec mon frère
Amédée. Le jeudi il n'y a pas de
cours. Les uns vont à une classe de musique
grégorienne et polyphonique à
l'institut de musique sacrée, d'autres
à quelques conférences
particulières. Ceux qui ne sortent pas le
matin - il n'y a guère que mon frère
Amédée et moi - doivent prendre une
demie heure de récréation dans la
matinée et faire une promenade de deux
heures dans l'après-midi. Alors je vais
généralement à la
bibliothèque de l'institut Biblique ce qui
compte comme promenade et mon frère
Amédée s'en va seul soit au
Colisée soit au Forum, soit dans quelque
lieu antique et là, assis sur un vieux
caillou il fait une lecture méditée
de Daniel Rops ou d'un auteur choisi. Chacun a sa
vocation. >>
En Juillet 1951 vacances, donc rtour à
Bricquebec.
Le 5 Août 1951 il est ordonné
sous-diacre au monastère et le 21 Septembre
il reçoit l'ordre de diaconat.
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<<Troisième
année à Rome
>>
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16-
Départ le 5 Octobre 1951. En ce
début d'année on publie les
résultats des années
écoulées et il y a comme une
distribution des prix.
Le samedi 13 Octobre (jour anniversaire du grand
miracle de Fatima), le frère
Amédée écrit << la
très sainte Vierge a eu à mon
égard une de ces fantaisies
>>
Ce jour-là une lettre est arrivée
à l'abbaye où résidait notre
étudiant, on pouvait y lire :
<< Le tirage au sort parmi les
meilleurs élèves des années
passées est effectué et nous avons le
plaisir de vous faire savoir que la médaille
d'argent 'Baccalauréat en théologie
avec mention pour une note de 9/10) est
attribuée au frère
Amédée Hallier de votre
collègue. Il devra donc se présenter
une demie heure avant la cérmonie à
la Secrétairerie. >>
La distribution des distinctions se fait
à Rome en grand apparat. Il y a une
trentaine de lauréats : docteurs,
licenciès, bacheliers selon les
différentes sciences : droit canon,
théologie, histoire
ecclésiastique.
Pour présider, il y a des cardinaux,
évêques, des ambassadeurs, le
préfet de la congrégation des
séminaires, le général des
jésuites et bien d'autres.
A l'appel de son nom chacun va recevoir son
prix. Il y a 2000 étudiants qui
applaudissent.
Le cardinal Pizzardo m'a dit en passant
auprès de moi : << Et le chur
?>> avec l'air de me dire, que fais-tu,
moine, de ton obligation principale de chanter
l'ofice. Je n'ai pas eu le temps de lui prouver que
nous avions et les études et le
chur.
Et le cardinal Arménien Agagianian m'a
dit en français <<Comme vous avez
été applaudi, vous, c'est que de nos
jours bien rares sont les étudiants
trappistes >>
Le résultat : une belle médaille
à l'éffigie de Pie XII en un joli
petit écrin ..les moines qui gagnent de
l'argent ! Vanité ? Zéro !
mais c'est signé : Délicatesse de
Notre-Dame pour encouragement.
En Juillet ce sont les vacances et le retour
à Bricquebec.
Le 5 Août 1952, il est ordonné
prêtre.
Ses études ne sont pas terminées,
il lui reste encore deux ans à faire, mais
le trappiste qui enseigne la théologie au
monastère de Bricquebec tombe malade et le
frère Amédée doit le
remplacer.
Ce n'est que le 4 Octobre 1954 qu'il repart pour
Rome en vue de sa quatrième année, il
reviendra aux vacances et repartira le 12 Octobre
1955 pour sa dernière année. Quand il
revient le 10 Juillet 1956, il envisage de
préparer une Thèse pour obtenir son
doctorat en théologie. Son sujet de
thèse sera Aelred, abbé de
Rievaulx. Pour réaliser ce travail, il
quitte Bricquebec pour aller en Belgique à
l'abbaye de Chimay autant pour avoir plus de
tranquillité que pour la richesse de la
Bibliothèque.
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Ordination de Jean-Louis
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Aelred de Rievaulx
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17-
Aelred était un moine anglais
contemporain de St Bernard et désireux de
pratiquer la stricte observance
Les inclinations naturelles du frère
Amédée pour une spiritualité
qui allie l'amour de Dieu et l'amour du prochain
voici qu'il la retrouve dans l'âme de celui
qu'il étudie.
Aelred né vers 1110 avait reçu une
solide instruction et il était au service du
roi d'Ecosse. Au cours d'un voyage, il
découvre une abbaye des moines de St Bernard
(ceux que lon appelle <<trappistes
>>) Il rentre, y passe la nuit et le
lendemain décide d'y rester. Quelques
années après, à 37 ans, il est
élu abbé de Rievaulx.
Le frère Amédée dit de lui
<< sa personnalité toute de finesse
et de douceur et son cur qu'il avait grand,
compréhensif et rayonnant de chaude
symphatie >> ...voilà bien de quoi
être en accord avec son travail de
thèse.
On le voit souligner avec symphatie les dons de
cet abbé envers ses moines <<
habile à s'accommoder à des
natures diverses fussent -elles quelquefois
singulières et sauvages >>. Cet
Abbé de Rievaulx qui écrit <<
vous savez, Seigneur Dieu, que ce n'est pas dans un
esprit d'austérité et de domination
que je leur commande, que je désire leur
être utile dans la charité
plutôt que de dominer sur eux, que
l'humilité me pousse à leur
être soumis et l'affection me pousse a
être au milieu d'eux comme l'un d'eux
>> En bon éducateur, il
imprègne l'abbaye de Rievaulx de cet esprit
de paix et de miséricordieuse charité
dont beaucoup d'âmes sentaient le besoin et
surent apprécier la douceur.
En même temps Aelred désirait que
l'on aît du zèle et du courage, il est
triste de voir ceux qui se laissent aller à
l'oisiveté et à la paresse et il
n'hésite pas à dire: << qui
n'est pas un lutteur, n'est pas un homme
>>.
Après avoir lu bien des documents, avoir
fait un austère travail de rédaction,
pris conseil auprès de personnes
avisées, l'heure vint d'aller
présenter sa thèse et la soumettre au
jugement d'un jury. C'est en 1957 que le
frère Amédée repart pour Rome
présenter son travail. Il fut reçu
<< Docteur en théologie
>> avec les plus grandes
félicitations.
Le 18 juin 1957, il était de retour
à Bricquebec et le 7 juillet suivant, il
était nommé pour enseigner la
théologie à l'abbaye et être
à la disposition de ceux qui viendraient
faire une retraite afin de les éclairer sur
le chemin de la vie spirituelle.
Le 12 octobre 1958, il était nommé
sous prieur.
|
Vie de Prière et
d'apostolat
|
|
18-
Après tant d'années de formation,
le frère Amédée entre dans un
labeur de plus de 40 ans.
Il y a en premier la prière, cette
louange de Dieu que les moines commencent vers les
3 h du matin. Il y a le chant de l'office, la
célébration de la messe,
l'étude de la théologie. On reviendra
à la chapelle pour l'office du milieu du
jour, puis vers17 h pour célébrer les
vêpres, puis vers 20 h pour les complies.
Toutes les grandes fêtes sont
célébrées avec
solennité surtout Noël et Paques.
Il y a aussi la vie de sacrifice : nourriture
frugale, coucher sur la dure, jeûner en ne
faisant qu'un seul repas, la discipline chaque
vendredi et vivre de bonne grâces les
astreintes de la vie en communauté, avec
encore plus de rigueur pour le grand carême
qui dure pour les trappistes de septembre à
Pâques.
Comme il faut vivre à l'abbaye, il y a
les champs, les troupeaux, la fromagerie, le
boucherie et quelquefois c'est toute la
communauté qui est appelée à
mettre la main à la pâte.
Pour le frère Amédée,
chargé de la théologie, il lui faut
tenir au courant des questions et Dieu sait si
après le concile c'est parti un peu dans
toutes les directions et combien les papes sont
intervenus et interviennent encore pour guider la
marche de l'Eglise.On ne s'étonne pas si un
témoin rapporte qu'il a vu dans la cellule
du frère Amédée des tas de
dossiers bourrés de notes, avec des encres
de couleurs différentes, des ratures, des
soulignés, tant il cherchait la
droiture.
Tout cela était aussi pour les visiteurs
de l'abbaye, il désirait tant qu'ils
repartent non seulement avec des souvenirs
matériels mais avec un enrichissement
spirituel.
On n'est pas sans remarquer le zèle qu'il
déploie, finalement on l'appellera
turbo-moine
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Il a gardé de sa première
formation l'usage des procédés
mnémothechniques et les applique à la
vie spirituelle.
Bornons nous à n'en rappeler que deux :
DIEU et MAUD
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MAUD
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DIEU
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M= être réaliste, m'accepter tel
que je suis
A= accepter les autres sauf à les rendre
<<hérisson>>
U= univers, le tout, y rentrer par le cur
et l'esprit
D= Dieu au dessus de tout, alpha et
oméga
|
D = décentre,déborde,
déconcerte, dépasse
I = Infini, impensable, inimaginable,
inouï
E = expérience, esprit,
éternité, eucharistie
U= unité coute que coute
|
19-
Plus les années s'écoulent, plus
nombreux ceux qui peuvent témoigner, si bien
qu'il à crée un courant <<
Vous ne connaissez pas l'abbaye de Bricquebec ?
il faut y aller c'est super >>
Beaucoup de journées-rencontres des
différents mouvements qui fleurissent
après le concile sont acceuillies à
l'abbaye et même les circuits touristiques
font étape à l'abbaye, si bien qu'un
conseiller général intervient
auprès du préfet et ces messieurs
décident que l'on va attribuer au
frère Amédée la
médaille d'argent du tourisme,
c'était en 1993.
A sa famille qui voudrait bien le voir honorer
de sa présence une importante réunion
réalisée autour d'un arbre
généalogique, il répond
<< j'ai déjà un titre
<<trappiste-touriste qui me
suggère de rester sage en ma trappe
>>.
A sa famille il fera pourtant quelques
concessions. Il avait quitté Bricquebec pour
prêcher une retraite aux trappistines de
Campénéac. En guise de
récréation, il revint voir son pays
d'origine. Il arpenta à pied le bourg des
Fougerêts, croisa une de ses parentes qui ne
le reconnut pas . Il fit demi tour, la croisa
à nouveau sans plus de réaction. Il
s'en vint à Peillac dans son village,
là où s'est passé sa jeunesse,
on ne le reconnaît pas davantage. Au
Frénot, la fermière se dit <<
tiens voilà un monsieur
égaré >> à la
Piaudais, sa cousine germaine << j'ai vu
passer un monsieur qui cherchait son chemin
>> il s'en retourna sans avoir enfreint
la règle du silence.
Mais rentré à Bricquebec, il
écrivit à sa famille, lui racontant
en détail ce qu'il avait vu, la
réaction de la parenté fut unanime :
<< il n'a pas changé, c'est bien
lui, il est si content quand il a joué un
bon tour >>.
Dans une autre circonstance le frère
Amédée revint à Peillac
à l'occasion d'une prédication dans
la région. Ce fut le mercredi 17 Août
1977. Il dit toute sa joie de
célébrer la messe dans
l'église de son baptême à
l'occasion de ses 25 ans de sacerdose. Les
prêtres, religieux et religieuses de Peillac
étaient réunis avec la famille et les
amis.
En nous quittant il disait : << un jour
nous nous retrouverons ...Nous serons dans la FETE
pour toujours. En attendant soyez joyeux, priez
sans cesse et de toute votre vie << faites
eucharistie >>
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Jean-Louis farceur avec une anguille
Pour 25 ans de sacerdose (lit en portefeuille et
soupe de lait)
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LE MOINE ET LE
PSYCHIATRE
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20-
Autour des années 1990, un visiteur
assidu du frère Amédée
était un psychiatre de Cherbourg,
marié et père de famille, qui
cherchait à approfondir les méandres
de l'esprit humain et il appréciait beaucoup
les ouvertures spirituelles que lui proposait un
trappiste à la fois dynamique dans ses
activités et heureux dans sa relation avec
Dieu. Il y avait au delà de la psychologie
humaine un vaste domaine où la foi en Dieu
favorisait l'équilibre.
Il avait formé le projet d'engager le
frère Amédée dans la
rédaction d'un livre proposant le
cheminement humain et spirituel. Notre trappiste
hésitait : à quoi bon un livre de
plus....et puis c'est un sujet
délicat....et puis à mon
âge.
Mais le père Abbé, gagné
par le psychiatre, conseilla de s'y mettre. Alors
en quelques heures le frère
Amédée proposa un plan, ensuite une
méthode : le psychiatre (40 ans ) le moine
(82 ans) chacun dans son domaine en évitant
d'être théorique pour proposer des
vues pratiques au service de l'homme. C'est ainsi
que prendra corps le livre <<
Le moine et le
psychiatre >> qui sort en 1995.
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21-
VOYAGE AU
JAPON
Les moines de Bricquebec au temps où les
vocations manquaient pas,
déléguèrent quelques uns de
leurs moines pour aller fonder une abbaye nouvelle
au Japon. Cette fondation fut prospère et
engendra d'autres abbayes << filles de
Bricquebec >>
En 1996, du 9 Novembre au 12 Décembre, le
frère Amédée fut
désigné pour aller les visiter. Comme
il le disait gentiment lui-même <<
cela m'a donné une idée des
voyages du Pape >> On descend d'un gros
avion pour en reprendre un petit qui se pose
là où vous attend un taxi et c'est
ainsi que successivement il va visiter 6 abbayes de
cisterciens au Japon, faire des conférences
matin et soir et recevoir des visites.
Du Japon, il va aller en Corée voir une
abbaye de trappistines. Quand il rentre, il est
fatigué et les signes de la maladie de
Parkinson s'amplifient.
Cependant le père Abbé le nomme
prieur le 24 Décembre 1996.
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NOCES D'OR
SACERDOTALES
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découpe du fromage "la Providence"
jean-louis serveur
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22-
Il avait été ordonné
prêtre le 05 Août 1952. Il voulut
remercier Dieu pour 50 ans de grâces.
L'invitation qu'il envoya disait :
<< Ce sera une fête sans
caractère officiel, une fête de
famille dans la liberté et la joie? A chacun
son choix : venir cette année ou les
années suivantes. La fête des 90 ans
qui sera le 25 Mars 2003 ou la fête de
l'Envol vers la joie de Dieu.
Il y aura la messe à 11 h
et le repas festif dans la simplicité
et le bonheur >>
Il eut la joie d'acceuillir bon nombre de ses
parents et amis et avec eux de chanter les
miséricordes de Dieu.
Dans les mois qui suivirent, il reprit son
travail autant que ses forces le lui permettaient,
essayant de dire "" oui "" quand on le
sollicitait. Un seul n'avait pas droit à cet
acceuil, c'était son médecin qui
s'entendait répondre "" non "".
Dans ses derniers jours - 3 jours avant sa mort
- il corrigeait encore son texte sur le Rosaire
dont on peut espérer la parution.
Chose remarquable, il y propose d'ajouter la
médation des ""mystère
lumineux ""alors que le Pape à ce moment
n'avait encore rien publié,
mystérieuses convergences de l'Esprit !
Lui qui avait tant cultivié la soumission
à Dieu, lui qui voulait répondre
""oui "" quand Dieu l'appellerait. Il a du
affronter quelques heures pénibles
d'inquiétudes. Il demanda des prières
et que l'on fit venir son confident Don Colomban.
Il retrouva rapidement la paix pour l'offrande
dernière de sa vie.
Il est mort le 06 Novembre 2002
Ses funérailles furent
célébrées le vendredi 8
Novembre . Il avait demandé que cela ne soit
pas triste, il partait pour la joie.
Le père Abbé souligna le
caractère de cette vie donnée en
affirmant que c'est un véritable tour de
force qu'il réalisait en permanence.
- Etre à la fois fidèle aux
exigences de la vie monastique par une
assiduité aux prières et aux
offices.
- Etre en même temps fidèle
à son emploi au service de tous ceux qui
venaient à l'abbaye.
Il aimait les formules percutantes pour
provoquer à la génrosité
envers Dieu.
Il acceuillait tout demandeur car il y voyait
une âme capable de mieux aimer son
créateur.
Au cimetière de l'abbaye, tous furent
logés à l'enseigne de la
mortification tant la pluie normande
dispensée par Dieu fut abondante, tandis que
selon l'usage des trappistes, on inhumait le corps
à même la terre.
Après la cérémonie, le
Père Abbé distribua un dessin
humoristique (uvre d'un neuveu de
l'Abbé). On y voyait le frère
Amédée sautant de nuage en nuage pour
aller vers St Pierre en lui disant "" Vive la
fête "", tandis que derrière lui
son ancien abbé ""Dom René ""
rappelé à Dieu quelques mois plus
tôt se réjouit de le voir arriver .
Quant à St Pierre, il se pose des questions,
c'est qu'il voit lui arriver un trappiste d'un
modèle spécial gardant devers lui
l'auxtérité d'un moine de la stricte
observance et laissant éclater au dehors une
cordialité débordante. Dans la maison
du Père (c'est Jésus qui le dit)
qu'il a du bien vite lui trouver cette place qui
lui était préparée !
Vous la Haut qui êtes
à la fête, n'oubliez pas ceux qui sont
à la peine ici bas !
Texte de l'abbé joseph
Voisin d'après des documents
conservés dans la famille
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Pour ces 50 ans de sacerdose Jean-Louis
découvre ses cadeaux
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On " baira ça quand on sra vieux "
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